Au ciel j'entendrai !

par L'Univers de Noan  -  18 Février 2023, 08:00  -  #Compositeur, #Concerto, #Musique, #Musicien

Convoi funèbre de Beethoven. plus de 30 000 personnes assistèrent à son enterrement.

Convoi funèbre de Beethoven. plus de 30 000 personnes assistèrent à son enterrement.

En 1814, un dernier concert de charité est donné. Il dirige les répétitions et assure la partie pianistique. Ce concert sera un véritable fiasco compte tenu de son infirmité, car à partir de 1815, sa surdité est totale. Commence alors la solitude… Il se contraint à l’isolement par peur de devoir assumer cette terrible vérité en public. Ludwig gagne, dès lors, une réputation de misanthrope et d’homme apathique dont il souffrira jusqu’à la fin de sa vie. C’est aussi à partir de cette date, qu’il communique par l'intermédiaire de carnets, ses fameux carnets de conversations, dont 130 subsistent encore à ce jour sur les 400 utilisés par Ludwig.

 

Avec la solitude, arrive la dépression : il commence à se négliger, se contentant de verser des bassines d’eau sur la tête au lieu de faire sa toilette, passant son temps à griffonner frénétiquement des pensées, des notes de musique, des harmonies bizarres ou jamais vues, lors de ses promenades quotidiennes, les gens le prennent pour un vagabond. Chez lui, s’entassent des piles de manuscrits que personne ne peut lire ou toucher. Il possède plusieurs pianos, dont les pieds ont été coupés, et ce, pour lui permettre d’en ressentir les vibrations. Il travaille souvent en sous-vêtements et ignore ses amis qui lui rendent visite pendant qu’il est occupé à composer.

 Avec la solitude, arrive la dépression : il commence à se négliger, fait des promenades quotidiennes,
 Avec la solitude, arrive la dépression : il commence à se négliger, fait des promenades quotidiennes,
 Avec la solitude, arrive la dépression : il commence à se négliger, fait des promenades quotidiennes,

Avec la solitude, arrive la dépression : il commence à se négliger, fait des promenades quotidiennes,

Alors que sa situation matérielle devient de plus en plus préoccupante, Ludwig tombe gravement malade entre 1816 et 1817 et semble une nouvelle fois proche du suicide. Pourtant, sa force morale et sa volonté reprennent leurs droits. Il se tourne vers l'introspection et la spiritualité, pressentant l'importance de ce qu'il lui reste à écrire pour « les temps à venir », il trouve la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui apportera probablement ses plus grandes révélations.

 

Du fait de la maladie, en 1819, il est relativement peu productif et on ne compte que sept sonates pour piano à son répertoire, durant cette période dite « tardive », parmi lesquelles la turbulente sonate N°29 en si bémol majeur opus 106 dite, « Hammerklavier », avec son écriture dynamique, sa fugue discordante et rébarbative, la sonate N°31 en la bémol majeur opus 110. Cette même année, Ludwig perd la tutelle de son neveu Karl obtenu quelques années plus tôt. C'est un de ses amis, Matthias von Tuscher, qui est chargé de la tutelle de Karl. En septembre Johanna, la belle-sœur de Ludwig, a de nouveau la tutelle de son fils. Pour récupérer son neveu, il entame toutes sortes de procédures qui sont toutes rejetées. En avril 1820, après bien des efforts et avec l'aide de Karl Peters, alors conseiller aulique, il obtient la tutelle définitive de son neveu Karl Ludwig.

Karl Ludwig van Beethoven, neveu du compositeur.

Karl Ludwig van Beethoven, neveu du compositeur.

En 1823, Ludwig termine la « Missa Solemnis », prévue pour l'intronisation de l'archiduc Rodolphe nommé archevêque d'Ölmutz, en Tchécoslovaquie. Ludwig considère sa « Missa Solemnis » comme « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ». Il s'agit de sa troisième œuvre vocale à caractère sacré. Cette pièce gigantesque, s’inscrit directement dans la tradition oratoire allemande. Elle est donnée, pour la première fois, le 7 avril 1824 à Saint-Pétersbourg. Elle est la commande initiale qui débouche aussi sur la symphonie chorale et qui émane de la Société Philharmonique de Londres. La même année, sa grande symphonie chorale en ré mineur opus 125, dans laquelle la longue variation finale est une mise en musique pour solistes et chœurs de « l’ode à la joie » de Friedrich von Schiller, est créée à Vienne. C’est un succès immédiat.

À partir de 1826, il se consacre à l’écriture d’un ensemble de quatuors à cordes. En novembre 1826, après un séjour chez son frère, Ludwig contracte une pneumonie. Vers la fin de l’après-midi du 26 mars 1827, le ciel s’assombrit. Tout à coup, un éclair illumine la chambre de Ludwig, aussitôt suivi d’un énorme coup de tonnerre. Il ouvre les yeux, se redresse en brandissant le poing vers le ciel, puis s’effondre. « Au Ciel, j’entendrai ! » Furent ses dernières paroles… Il meurt à l’âge de 57 ans. Le 29 mars 1827, pas moins de vingt mille personnes assistent à ses obsèques, formant une véritable haie d’honneur le long du parcours. Devenir une personnalité publique comme aucun autre compositeur ne l’a été avant lui, Ludwig Van Beethoven n’a jamais été un pourvoyeur de musique pour la noblesse contrairement à ses prédécesseurs. Vivre dans son époque, tel a été sa devise, époque qu’il a contribué à créer où l’artiste devient alors propriété de l’humanité dans son ensemble. Au moment de sa mort, il aurait déclaré « Au ciel j'entendrai ! ».

 

 

Noan Benito Vega
Prochain article :
L"immortelle bien-aimée

Anton Schindler (1795 - 1864), fût secrétaire et ami de Ludwig Van Beethoven

Anton Schindler (1795 - 1864), fût secrétaire et ami de Ludwig Van Beethoven

Pour la postérité...

 

« Ludwig van Beethoven, l’homme qui a magnifié et immortalisé l’art de Haendel et de Bach, d'Haydn et de Mozart, aujourd’hui n’est plus. C’était un artiste qui ne pourra jamais être égalé, c’était un artiste et ce qu’il était, il ne l’était qu’à travers la musique. Les épines de la vie l’avaient profondément blessé aussi, se raccrochât-il à son art et ce, même quand la porte qui y menait se fût refermée. À travers une oreille sourde, la musique parlait à celui qui ne pouvait plus l’entendre. Il portait la musique dans son cœur. Parce qu’il s’était isolé et coupé du monde on le tenait pour hostile, on le disait insensible et on le traitait de sans cœur, mais il n’avait pas le cœur endurci. Ce sont les lames les plus fines qui sont les plus aisément émoussées, tordues ou brisées. Il s’éloigna de ses semblables après qu’il leur eut tout donné, sans rien recevoir en retour. Il vécut seul car il ne trouva pas son autre moitié. Ainsi il fût, ainsi il mourut. Ainsi, il vivra jusqu’à la fin des temps. ».

 

Hommage d'Anton Felix Schindler
à Ludwig Van Beethoven lors de ses funérailles.

 

Anton Schindler, chef d'orchestre, historien de la musique, biographe, musicologue, écrivain, et compositeur est l'un des premiers biographes du compositeur allemand Ludwig van Beethoven. Il a ainsi publié en 1840, une Vie de Beethoven avant de l'étendre en 1860 dans sa forme qui influencera grandement les biographies qui suivirent.

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