Une musique novatrice
En 1792, il est présenté à Joseph Haydn qui revenant d’une tournée en Angleterre fait une halte à Bonn. Joseph Haydn, très impressionné par le travail de composition et d’improvisation de Ludwig, tout en étant réaliste sur les imperfections de son instruction, l’invite à faire des études, sous sa direction, à Vienne. Recevoir l’enseignement d’un musicien de renom comme Haydn représente, pour Ludwig, une excellente occasion de parfaire son éducation musicale. Conscient de l’opportunité qui s’offre à lui, encourager par le comte Ferdinand von Waldstein et, doté d’une rente attribuée par le prince-électeur, Ludwig accepte de se rendre à Vienne, pour la seconde fois, afin d’étudier auprès de Joseph Haydn. Le 2 novembre 1792, il quitte donc les rives du Rhin pour ne plus jamais y revenir. Yohann Van Beethoven meurt en décembre 1792, quelques semaines après son départ.
Alors âgé de vingt-deux ans à son arrivée à Vienne, Ludwig n’a pour ainsi dire rien écrit d’important ou de réellement significatif. Durant ce séjour viennois, outre les cours qu’il prend avec Haydn, il suit ceux de Johann Baptist Schenk ainsi que les cours de Johann Georg Albrechtsberger pour le contrepoint. Les troupes françaises ayant destitué l'électorat de Cologne en 1794 et ses parents étant morts, il considère qu’il n’a plus aucune attache à Bonn. Il prend donc la décision, au milieu de l’année 1794, de s’installer définitivement à Vienne. Ces deux frères, Kaspar et Johann, le rejoindront dans la capitale autrichienne, dès le début de l’année 1795.
1795 est aussi l’année où il fait ses grands débuts publics en tant que concertiste et chef d’orchestre. Par ailleurs, en désaccord avec l’enseignement d'Haydn, qui juge son raisonnement et ses opinions trop sombres ou trop audacieuses pour l'époque, il décide de publier ses premières œuvres : trois trios pour piano opus 1 et trois sonates opus 2. En tant que pianiste, les témoignages de l’époque rapportent qu’il avait le feu en lui, de l’éclat et de la fantaisie ainsi qu’une grande profondeur de sentiment. Mais c’est naturellement dans les sonates pour piano qu’il s’exprime le mieux. C’est, effectivement, dans ces pièces musicales, composées pour son propre instrument, qu’il fait preuve de créativité et d’audace.
Dès lors, sa musique a la réputation d’être à la fois inventive et novatrice, parfois brûlante, parfois froide, souvent animée, avec le remous des tempêtes et leurs soudaines accalmies. Un genre entre accords et désaccords, à la fois provocant et déroutant, parfois extrême, mais toujours complété par de subtiles nuances… Et sa musique divise l’aristocratie viennoise : entre une jeune garde désireuse de liberté et de réformes, celle-là même qui épousa les thèses de la révolution à l’exemple de Ludwig et une veille garde désireuse de maintenir une tradition qui existe depuis un temps immémorial à l’exemple de Joseph Haydn. Une chose est certaine : le public, en plus de sa créativité musicale incontestable, loue sa virtuosité et son inspiration pianistique, mais sa fougueuse personnalité lui vaut parfois le scepticisme des critiques musicaux les plus conservateurs.
En 1796, il entame une série de tournées comme concertiste à Prague, Dresde, Leipzig, Berlin et Budapest. Ces tournées sont financées par de solides mécénats aristocratiques qui lui ouvrent les portes des lieux de concerts les plus prestigieux notamment chez les princes Lobkowitz et Lichnowsky ainsi que chez l’Archiduc-Cardinal Rodolphe, frère de l’empereur Joseph II d’Autriche, lui-même musicien, élève et mécène de Ludwig. Ce dernier dédicacera d’ailleurs à Rodolphe pas moins de quatorze de ses compositions dont le concerto N°5 pour piano et orchestre en mi-bémol majeur opus 73, intitulé « l'Empereur » ou « Grand concerto dédié à Son Altesse Impériale l'Archiduc-Cardinal Rodolphe d’Autriche ».
En 1798, alors au sommet de sa puissance créatrice, il commence à éprouver quelques troubles mineurs de l'audition, ce qui ne l’empêche pas entre 1798 et 1801, de composer plusieurs œuvres majeures de son répertoire dont les sonates pour piano opus 8 en do majeur, dite « la pathétique » et opus 14 en do dièse majeur, dite « au Clair de Lune ». Il écrit, par ailleurs, ses trois premiers concertos pour piano : l’opus 15 en do majeur, l’opus 19 en si bémol majeur et l’opus 37 en do mineur, ses deux premières symphonies opus 21 en do majeur et opus 36 en ré majeur ainsi qu’un ensemble de six quatuors à cordes opus 18. En plus de la composition, Ludwig prend des cours auprès d’Antonio Salieri et organise un grand concert en décembre 1800 où il interprète des œuvres de Mozart et d'Haydn.
Noan Benito Vega
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