John ressuscité...

par Noan  -  19 Septembre 2020, 10:59  -  #Dynasties, #Biopic, #Série

Gregory Kinnear (John Kennedy) et Katie Holmes (Jackie Kennedy)

Gregory Kinnear (John Kennedy) et Katie Holmes (Jackie Kennedy)

Après une courte historiographie sur le clan Kennedy, je ne pouvais pas faire autrement que de vous livrer ma critique sur la série the Kennedy diffusée en France sur Arte puis sur France 3.

Commandée par la chaîne History et annoncée par un buzz médiatique hors norme, la série The Kennedy a pour vacation de nous conter l’histoire de la dynastie américaine la plus célèbre du monde. Malheureusement, quelques semaines avant sa diffusion, History annonce l’annulation de la série estimant qu’elle ne serait plus adaptée pour sa chaîne. Il est plus vraisemblable que cette dernière l’ait annulée suite à la pression du clan restant, fort mécontent pour ne pas dire en colère, suite au visionnage de la série.

J’avoue que pour ma part, je ne peux penser à une série dédiée au Kennedy sans penser au film JFK d’Oliver Stone, et cela, même si ce dernier se focalise exclusivement le drame de Dallas et sur le procès de Clay Shaw mis en œuvre par le procureur Jim Garrison afin de restituer la vérité sur la mort de John. Car oui, le personnage central de cette dynastie est bien John et rien que John. Les autres protagonistes de cette famille ne sont finalement que des seconds rôles. Et c’est bien eux qui sont au cœur de ce drame ou, en d’autres termes, c’est avant tout l’histoire de la saga familiale qui nous est racontée ici allant des années 1960 à 1968 (avec quelques flashbacks sur les années 1940 et 1950) et non celle d’un biopic en huit épisodes sur la vie de John.

Produite et réalisée par Jon Cassar et Joel Surnow entre autres (24 heures chrono), la série a littéralement été descendue par la critique. Jugée molle, un ratage sans finesse telle une mauvaise télénovela, elle est, pour beaucoup, indigne de tout le battage médiatique qu’en a fait France 3 autour de sa diffusion.

J’ai un avis beaucoup moins tranché. The Kennedy est une bonne série historique portée par un casting prestigieux composé de Greg Kinnear dans le rôle de John, Katie Holmes, l’ex-madame Cruise dans celui de Jackie mais aussi Tom Wilkinson (Snowden d’Oliver Stone) dans le rôle du patriarche et Barry Pepper (Secret d’État de Michael Cuesta) dans le celui de Robert.

Et quand j’écris casting prestigieux, je pense surtout à Greg Kinnear qui n’a pas ménagé ses efforts pour nous livrer un John intégralement ressuscité. Il est absolument remarquable, j’’ai été complètement bluffé par son interprétation. Sachant reproduire de façon convaincante à la fois les expressions faciales, le langage du corps à l’exemple de la raideur du dos, de la lenteur de la démarche due aux douleurs constantes dont JFK souffrait du fait de la maladie d’Addison.

Katie Holmes nous offre une belle prestation, un mimétisme moins exagéré certes… C’est peut-être le point faible de son jeu. Toujours dans la morosité mais là où elle marque un bon point, c’est sa volonté (surtout celle des scénaristes) de vouloir parler à toute la famille des problèmes qu’elle rencontre avec John sans malheureusement obtenir le soutien et le réconfort de cette dernière, car oui le scénario ne pouvait passer sous silence les infidélités du 35ème président des États-Unis. Néanmoins elle a parfois tendance à disparaître derrière les ensembles Chanel qui, en passant, lui vont à merveille.

L’autre vraie force du casting est Tom Wilkinson qui interprète Joe (comprenez Joseph Patrick), le patriarche, avide de pouvoir, qui fait tout pour « créer » la famille la plus puissante d’Amérique en utilisant ses fils. Son jeu est d’une sincérité désarmante et sans oublier Barry Pepper dans le rôle de Robert qui interprète magnifiquement le second rôle, ce qu’il était dans la vraie vie.

Un casting investit, avec d’autres bons atouts comme une excellente représentation de l’époque, tant dans les costumes que dans les décors avec un réel souci du détail, des images d’archives mêlées à de fausses images télévisées en noir et blanc de telle sorte qu’il est parfois difficile pour le téléspectateur de les identifier clairement.

Si la série est d’une excellente facture, elle permet de passer de très bons moments car elle délaisse justement ce que l’on sait déjà d’un point de vue politique pour nous ouvrir les portes d'Hyannis Port et des coulisses du bureau ovale et donc, le côté le plus sulfureux et scandaleux repris dans les journaux à scandales. On ressent aussi clairement la volonté des scénaristes de soumettre le téléspectateur à un fil conducteur qui se fait de plus en plus précis au fil des épisodes tels des mini-films où les grands discours sont placés en tout début d’épisode après une citation littéraire.

En conclusion, la série nous rappelle que les dynasties traversent les époques en s’appuyant sur leurs relations et leurs fortunes transmises de génération en génération. Leur continuité est assurée par des héritiers dont certains parviennent à prendre le flambeau. À la tête d’un Empire riche, célèbre, puissant, un clan rassemblé sous un même nom : celui des Kennedy, un monde qui porte en lui un héritage, un nom qui est entré dans l’histoire aussi pour la malédiction qu’elle porte. C’est aussi cela que veulent nous montrer les scénaristes. Série à voir à l’occasion donc, sans en attendre cependant plus que ce qu’elle n'est, à savoir une saga familiale avant tout sur fond de politique.


Noan Benito Vega
A suivre : l'idéaliste de Francis Ford Coppola

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